En effet, nos hommes politiques proposent actuellement des lois à portée symbolique pour "corriger" l'histoire. On nous annonce ici prochainement une loi pour abroger le code noir, et là une proposition de loi pour élever Alfred Dreyfus au grade de général de brigade.
Ces lois entre dans un cadre plus global qui est celui des lois mémorielles, qui ont comme point commun de placer le droit en définisseur de l'histoire. L’appel « Liberté pour l’histoire » paru dans Libération signé par dix-neuf personnalités le 13 décembre 2005 s'insurgeait déjà contre cette accélération normative : loi du 13 juillet 1990 (loi Gayssot, réprimant la contestation de l'existence des crimes contre l'humanité qui furent définis dans le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg) , du 29 janvier 2001 (relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915, du 21 mai 2001 (loi Taubira, tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité), du 23 février 2005 (loi Alliot-Marie, portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés). Cet appel concluait en déclarant que ces lois ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites. Nous demandons l’abrogation de ces dispositions législatives indignes d’un régime démocratique .
On retrouve cette opposition par exemple ici en 2008 dans l'interview croisé de l'écrivaine Françoise Chandernagor et Jean-Claude Gayssot où le politique déclare en justification de son point de vue (et donc de sa loi) N'enlevons pas au Parlement la liberté de protéger les citoyens, ce qui revient à dire que l'histoire est trop crue pour être regardée en face par les citoyens, et qu'il faut donc les en protéger. Françoise Chandernagor lui répond que Ce n'est en tout cas pas au parlement de décréter la vérité historique. On pourra également consulter le point de vue de l'historien Gilles Manceron qui, tout en tenant compte de l’existence, voire du bien-fondé, des demandes mémorielles, veut défendre l’autonomie de la recherche.
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