Émigration depuis le Cantal vers l'Espagne : Différence entre versions

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François Souquières
 
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Né 3/12/1829 Reilhac
 
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Version du 16 novembre 2013 à 18:57

Pour des raisons que l'on pourra trouver à la fin de cette page il y a eu depuis au moins le 16è siècle une émigration significative (temporaire et définitive) d'habitants de la Haute-Auvergne (Cantal) vers l'Espagne et en particulier dans la région de la Castille.


Cantal vers Espagne des boulangers, chaudronniers, marchands (de Bestiaux et drapiers)

Source : " Migrants de Haute Auvergne,trois siècles sur les routes" de Jean-Claude Roc et Huguette Pagès aux éditions Watel,à Brioude" En 1646,Cordoue compte deux boulangeries françaises


En 1866 , 302 Cantaliens sont boulangers à Madrid

Gaspard LABASTROU,né le 13 septembre 1738 à Escorailles se marie avec Jeanne MAURIAC et décède le 15 juin 1809

Jean MALBEC,de Trebiac,paroisse de Mauriac,est décédé en mai 1748 à l'hôpital royal de Madrid

Jacques BONHOMME et Joseph PAGES,de Chaussenac,sont garçons boulangers à Madrid en 1768

Jean VESCHAMBRE est décédé en 1768 à Madrid

Augustin CLAMAGIRAND,né en 1777,se marie en 1812 à St Mamet avec Marie COMBES,née en 1786 et décédée en 1856.Augustin décède en 1847 à Tolède

Jean-Baptiste LACAZE,Clément MARCOU,Jean CANTUEL,du Pontal,commune d'Ytrac,exploitent en 1808 deux boulangeries à Villaviciosa dans les environs de Madrid

Pierre VEZOLS et Guillaume TIBLE sont à Madrid en 1815

Pierre CLAMAGIRAND,fils d'Auguste,est né le 26 février 1830 à Fourgues,commune de St Mamet.Pierre se marie en 1857 avec Elisabeth LACAMBRE

Jean CLAMAGIRAND,né le 5 février 1833 à Fourgues,commune de St Mamet,boulanger à Madrid et à Tolède,se marie en 1863 à Omps avec Marie PRAT.Il décède le 17 mai 1884 à Fontpeyrouse,commune d'Omps.

Antoine JARRIGE,né en 1850 à St Cirgues de Malbert,employé à 16 ans chez son père,Mathieu JARRIGE,l'un des boulangers les plus cossus de la colonie,rue Ballesta,meurt à Madrid à 68 ans comme journalier.

Hilaire THERS,né le 2 mars 1852 à Parlan,épouse Laurencia HOMBRADO,née le 10 juillet 1858 à Campillo de Ranas ( Guadalajara)

Denis CLAMAGIRAND,né le 20 juin 1864 à Fontpeyrouse est à Tolède.Il y épouse Josefina JIMENEZ et y décède le 13 mars 1909

François PRAT de Boisset et Bertrand TRAISSAC de Laroquebrou,sont à Madrid en 1878

Marie RICROS,soeur de Justin CHARLES,née en 1888 à Ste Eulalie,s'est installée en 1907 à Navalcarnero après son marriage avec Alphonse RICROS,boulanger,né en 1875 à St Martin Cantales,parti à l'âge de 16 ans et décédé en 1945

Justin CHARLES,né en 1891 à St Eulalie,parti à l'âge de 17 ans est décédé en 1975 à Navalcarnero

Louis MONTAGUT,né en 1901 à St Illide,est décédé en 1917 à Navalcarnero

Léon CLAMAGIRAND a émigré à Tolède.Il se marie à Aurillac avec Lydie DEJOU et reste en France

Ludovic CLAMAGIRAND est à Tolède et se marie à Glénat avec Anais BRUEL.Ludovic est resté en France après son marriage

Geraud GRIFUELHES et Jean PICQUART,d'Ytrac,sont à Villaciosa


Des chaudronniers

Jean VAQUIER né à Carbonat,paroisse d'Arpajon, maitre-chaudronnier à Grenade en 1724

Jean MARCENAC né à Saint Martin Valmeroux, fait commerce de cuivre en Catalogne en 1740

Jean MARCENAC né en 1741 à Tourniac part à 16 ans faire apprenti chaudronnier durant 30 mois à Baniols en Catalogne.

Jean CANTUEL d'Ytrac est en Espagne en 1766.

Antoine LAFARGE de Chalvignac, fait des va-et-vient avec l'Espagne depuis 14 ans ( 8 mois de campagne). A été bon pour la milice durant son absence.

Pierre MONTAGNE d'Escorailles, est chaudronnier ambulant à Tourente en 1782.

Vincent DAMAISON de Pleaux, est maître chaudronnier à Ripoul en Catalogne en 1783.

Guillaume TIBLE de Marchastel, est établi à Majorque et engage le 29 septembre un compagnon chaudronnier d'Aurillac.

Pierre MAINSAC de Drugeac, est à Terrassona d'Arajar en 1789.

Gérard ABEIL du Pontet, paroisse d'Ytrac, s'engage dans son contrat de mariage du 1er août 1790 à conduire avec lui son jeune beau-frère en Espagne.

Pierre DULAC,de Pleaux, est en Espagne depuis plus de 20ans en 1793 et n'a donné aucune nouvelle à son épouse Marie CHAZELLE depuis son départ.

Jacques RIBES né vers 1800 à Fontanges, est marchand chaudronnier en Espagne.

Guillaume et Augustin DUMAS nés à Valette en 1872 et 1879, de Saint Martin Valmeroux, sont potiers d'étain à Madrid à la fin du XIXème siècle.


Les marchands

Guillaume LINTILHAC est né en 1605 à Puezac, près d'Aurillac. Laboureur mais aussi marchand dans le royaume d'Espagne, il se marie avec Antoinette GREUCHE, née en 1609 à La Combe et qui meurt en 1634. Guillaume se remarie avec sa belle soeur Antoinette et décède en 1664.

Geraud ABEIL, Géraud LACARRIERE et Jean LAPARRA forment une société en 1648 pour vendre de la dentelle d'Aurillac en Espagne

Pierre MOISSIGNAC né en 1706 à Le Cassan, commune de Siran, se marie en 1736 avec Mariane CLAMAGIRAND et décède en 1748

Jean COMBES né le 6 juin 1724 à Lascombes, communede Pers, se marie avec Jeanne TEYSSEDOU

Guillaume LOUSSERT né en 1740 à Brezons, est marchand en Espagne. Il est décédé le 23 février 1786 à Brezons

Jean SERRES de St Etienne de Maurs est marchand en Espagne dès 1740

Antoine MOISSIGNAC né à Glénat, se marie en 1747 avec Constance MERCADIER

Jacques MOISSIGNAC né à Cassiex, commune de Glénat avec Anne VER. Il décède en Espagne en 1761

Bernard COMBES né le 5 novembre 1765 à Fourgues, commune de Pers, se marie en 1786 à Glenat avec Anne MOISSIGNAC. Bernard est rapatrié de Cadix pendant la Révolution.

Guillaume TRONQUEL de St Christophe, est marchand en Espagne à trois reprises : en 1782,1785 et 1792

François JOANNY de Fontanges est marchand en Espagne en 1790


Les marchands de Bestiaux

Antoine DARSES né en 1806 à Glenat, est marchand de checaux à Madrid, en 1827

JosephFAYET de Chaussenac, est propriétaire d'un commerce de bestiaux, de chaudrons et de draps en 1832

Henri FABRE né en 1876 à Salers, est marchand de vaches à Madrid en 1898


Les marchands drapiers

Jean et Joseph CAZAL, de Pleaux, sont commerçants en cuivre, drap et toile en 1808

Andrieu BELAUBRE né en 1875 à St Victor de Laroquebrou, arrive dans la maison de Parla à 30 ans comme simple ouvrier et prend sa retraite à 45 ans.

Philippe VOLPILHAC né en 1876 à Aurillac, entre à l'âge de 21 ans, le 15 juillet 1897, dans la société Parla où il devient sociétaire à part entière le 1er octobre 1905

Louis SELINGE, né en 1878 à St Etienne-Cantales, dans une famille rurale, prit à l'âge de 14 ans la décision de s'expatrier pour aller rejoindre un de ses oncles, commerçant en tissus en Espagne. Il fut pendant 22 ans négociant ambulant en tissus.

GALVADA de Pleaux, est marchand drapier à la "Lonja Vieja" sur la plaza Mayor de Navalcarnero

Témoignages par zone d'implantation surtout en Castille (autour de Madrid)

Communauté de Madrid

Madrid

Acte notarial "du 1er juin 1853 Pardevant Me de Pruines, notaire à Boisset. ont comparu M. Guillaume Fau, propriétaire sans profession demeurant à la forêt commune de Boisset, d'une part, et Toinette Lavernhe, sans profession, veuve de Pierre Laborde, demeurant à Mazières, commune de Boisset, agissant tant en son nom personnel que comme se faisant forte de Jean Laborde, son fils, boulanger à Madrid (Espagne) d'autre part"

Aranjuez

- 60 km au sud de Madrid - Souquieres Charles boulanger Né le 23/10/1852 Ytrac (15) + 28/7/1905 Aranjuez (Espagne)

Alcobendas

au nord de Madrid en grande banlieue François Souquières Né 3/12/1829 Reilhac + 27/7/1866 achat d'une tahona (meunerie/boulangerie) à Alcobendas où il décède. X Marie Delphine Gauthier

Pozuelo de Alarcon

(Castille - NO dans la Banlieue de Madrid) - rue Santa Isabel n°7 COSSOUL Antoine (Boulanger en Espagne) né vers 1776 à ?, décédé le 20-01-1849 à Ytrac (15) au lieu-dit Leinhac, marié avec BONHOMME Jeanne-Marie. Deux de leurs fils, sont dit aussi Boulanger en Espagne Il s'agit de : 1- COSSOUL Henri-Vincent né le 22-01-1817 à Ytrac (15), décédé le 31-12-1861 à Ytrac (15) Marié avec BOS Marie. Sur l'acte de naissance de son fils Antoine-Frédéric (voir ci-après) il est dit être en Espagne pour affaire. Un de ces fils sera aussi Boulanger en Espagne il s'agit de : COSSOUL Antoine-Frédéric né le 06-02-1854 à Ytrac (15), décédé le 03-12-1912 à Ytrac et marié le 01-05-1877 à Ytrac avec VERMENOUZE Marie-Jeanne-Eugénie-Pétronille née le 16-07-1853 à Ytrac, décédée le 13-07-1935 à Ytrac. (D'après le livre "Les auvergnats de Castille" de Rose DUROUX il est boulanger à Pozuelo de Alarcons en Espagne.) 2- COSSOUL Charles né le 23-12-1823 à Ytrac, marié le 27-08-1856 à Ytrac avec JULHES Agnès née le 17-03-1834 à Ytrac. (D'après le livre "Les auvergnats de Castille" de Rose DUROUX, page 246: " Charles COSSOUL n'hésite pas à verser une caution de 6000 réaux et à hypothéquer sa tahona de la rue Santa Isabel n°7, pour éviter la saisie à son ami Francisco Marful . (1861)."

Gérard BEX à Madrid une fabrique de pain

De Willem (Guillaume) BEX, demeurant à 6414 XJ Heerlen, rue Heideveldweg 7c, les Pays-Bas (c.bex@home.nl) Je recherche GERARD BEX GARRAUSTE (Garrauste c'est le nom de famille de sa mère), émigré à Madrid vers 1880. Possiblement boulanger (avait un moulin de farine à Sansac-de-Marmiesse?). Gérard BEX avait aussi à Madrid une fabrique de pain. Je suis sûr que Gerard Bex est originaire des Pays-Bas. J'ai vécu huit ans en Espagne et j'ai rencontré un monsieur Fernando BEX de Granada (Espagne). Tout est identique, comme un frère. Il me dit que son grand-père vient de Sansac-de-Marmiesse. Et dans mon village natal SCHINVELD près de BRUNSSUM et HEERLEN (dans le sud de la Hollande) vivait vers 1700 un monsieur SIMON BEX, un militaire de Capitaine Maselles avec une Compagnie dans Jülich (Allemagne). Possible de l'armée d' Espagne. Je pense que SIMON BEX vient de la France et GERARD BEX c'est un descendant de lui."

Sud de l'Aragon aux 17 et 18 eme siecles - les chaudronniers du Cantal

Traduction "Je travaille depuis plusieurs annees sur un courant migratoire auvergnat qui se dirige vers le sud de l'Aragon aux 17 et 18 eme siecles, et provenant des villages d'Ally, Chaussenat, Saint-Martin-Cantales (sic), Barriac, Escorailles, Fontanges, Meallet, Pleaux, Aurillac et Saint-Flour. Il me plairait que vous m'informiez des travaux de recherche existant sur les chaudronniers auvergnats, et d'etre assez aimables pour m' indiquer les moyens de me les procurer. Il me plairait egalement d'etre en contact avec une personne interessee par le sujet, quoique je doive vous dire ne lire le francais que moyennement." Téléchargement du document - Word - 99 Ko (en langue espagnol) Emilio Benedicto Gimeno - benedictogimeno [at] yahoo.es - contact suite à une visite du site

en espagnol - circulation des marchandises - en espagnol_références

en français_réseaux_migratoires

Sud de l'Aragon, Teruel - en 1495 - un curé nommé BRAYAT

Suite au recensement effectué en 1495 à Canizar del Olivar (Teruel, Aragon), je trouve un : Mosen Johan Brayat (Curé). Ce Brayat est le seul dans l'ensemble du recensement d'Aragon. J'ignore l'origine exacte de Johan Brayat. Message de José Maria Alloza Salgado [josemariaalloza chez yahoo es] décembre 2005

Complément de José Maria Alloza Salgado Les relations du Royaume d'Aragon avec le Massif Central et le Midi son très anciennes et il n'est pas étonnant de retrouver des "Cantalous" dans les parages. Cependant, trouver un "Français" exerçant comme curé dans un village, je pense que cela ne devait pas être très usuel. Que plus est, Canizar est un tout petit village (28 feux en 1495) qui faisait partie de la Baronie de Estercuel ; Familles Atrosillo et plus tard Bardaji. C'est une particularité car dans la zone -qui a été pendant longtemps frontière avec la zone musulmane- les fiefs relevaient plutot des ordres militaires :Calatrava, Temple, Hôpital et a l'époque (fin du moyen age) le peuplement était encore marqué par le caractère militaire de son origine. Une piste a prendre en compte est que sur les terres de la Baronie existe depuis le XIII S., par concesion du Seigneur, un monastere de l'Odre des Mercedaires mais j'ignore s'il y avait des moines autres que Espagnols dans cet ordre.

Réponse de Jean-Louis Dega Le patronyme BRAYAT vient sans doute du nom de lieu BRAYAT situé commune de Boisset dans le Cantal (15). L'origine du nom de lieu est sans doute BRAGAT, avec évolution classique du G en Y, nom issu d'une racine préceltique passée au gaulois "bracc-, brag-" signifiant marais, marécage, terrain boueux. Quant à la présence d'une famille BRAYAT dans la province de Teruel, il ne faut pas s'en etonner car cette région a été reconquise vers 1175 sur les Arabes par le roi Alphonse II d'Aragon qui a sans doute fait appel pour la repeupler, lui ou ses successeurs, à des occitans. Or Alphonse II d'Aragon , roi d'Aragon par sa mère Petronille d'Aragon, etait par son père vicomte de Carlat (15) puisqu'il etait le petit-fils de Douce de Provence (X Raymond- Berenger III comte de Barcelone) qui avait hérité de sa mère le comté de Provence et de son père Gilbert les vicomtés de Carlat, Millau, Lodève et Gevaudan. Les rois d'Aragon ont dû largement faire appel à des familles de paysans des régions montagneuses de leurs possessions occitanes, regions traditionnellement excedentaires sur le plan démographique, pour repeupler les territoires conquis au sud de l'Aragon, deficitaires eux sur le plan démographique. Ces BRAYAT ayant émigré dans la province de Teruel provenaient donc probablement de la vicomté de Carlat ou de paroisses proches en Haute-Auvergne, comme celles que vous indiquez dans la Chataigneraie. L'emigration peut dater du dernier quart du XIIeme siècle ou du XIIIeme siècle.

Réponse de Renaud Anzieu : 1 - Geneanet donne BRAYAT en Chataigneraie du Cantal jusqu'au 17è siècle et la carte des noms de famille donne ce patronyme dans le Cantal 2 - Un seul lieu-dit en France nommé Brayat (selon Gencom), commune de BOISSET, dans la Chataigneraie du Cantal (justement une zone d'émigration connue vers l'Espagne) 3 - Emigration de cantalous de la Chataigneraie vers l'Espagne. dont au 17 et 18 dans le sud de l'Aragon selon étude de Emilio Benedicto Gimeno


Gandia

(Comunauté de Valence - uu sud de Valence en bord de mer) 25/06/1883 Drugeac. Joseph Denys SEVESTRE o 18/02/1859 Gandia (Espagne) Marchand de Chevaux épouse Françoise Marie Ernestine BONY.


Alicante Joseph Jacques CHASSAN ° en 1719 à Barriac les Bosquets (Cantal France), fils de CHASSAN Etienne et de JAQUET Anne s'est marié le 28 juillet 1751 à Tarbena (Alicante) avec RIPOLL Francisca Maria. Descendance en Espagne jusqu'aux arrières grand-parents de Richard MAS : rickyjeanmi chez yahoo en france

Gerone

(Girona? - Catalogne Catalogne) - les saisonnier VALARCHER : VALARCHER Jean né en 1838 au Claux (Cheylade), et de ses 4 fils VALARCHER Jean (tous les 4 ont le meme prenom!) né entre 1863 et 1873, au Claux. Jean Valacher faisait le commerce de fromage et de toile (en descendant) etremontait avec du vin, des mantilles, des cannes et des parapluies. Il était absent tous l'hivers laissant au Claux sa femme et ses enfants. Il ne faisait pas le voyage seul. Il emmenait d'autres hommes du village (RODDE). Ses fils et cousins ont pris le relai. D'apres ma grand-mere (qui a connu son grand pere) il avait un petit magasin a Gerone (Catalogne). Nous avons encore quelques traces de cette epoque dans la famille notamment des bijoux et une canne mais les vieux papiers ont ete brulés o(((. La famille Valarcher a acheter au fils des ans pas mal de terre au Claux, je supposedonc que ce commerce devait etre rentable. NB: les Valarcher n'apparaissent au claux que vers 1800. peut etre venaient ils de Mauriac??? Un livre pour en savoir plus: "Les espagnols de l'Auvergne et du Limousin du XVII éme au XIX ème siècle" de A. Poitrineau, chez Malroux-Mazel 1985. A la fin du livre il y a un index des patronymes cités (pas de Valarcher ni Establi ni de Cossoul !!!).

Espagne - sans précisions

Revue de Haute Auvergne de juillet septembre 1968 Seconde partie : article sur la vie d'une famille paysanne aux XVII° et XVIII°. Il y a un chapître sur l'émigation en Espagne. Il y a une référence à une étude d'un certain Durand (dont les références doivent être dans la première partie de l'étude ?). Il semble que les cantalous établis en Espagne le faisaient dans le cadre de compagnies organisées, le cas cité est celui d'une compagnie dite de Chinchon. La première partie de l'article doit être dans le n° précédent. D'après ma mère, la famille de sa grand-mère les DELAGNES faisaient du commerce de toile avec l'Espagne, elle se rappelle encore les châles espagnols dans l'armoire de sa grand-mère Marie-Antoinette originaire de Cassaniouze, orpheline mais richement dotée à son mariage et qui avait du bien (d'après son testament), donc ses ancêtres avaient peut-être bien réussi dans ce commerce. Isabelle Roche Roquesolanne Pantaléon travailleur agricole né le 1/3/1733 à Marcolès (15), + 14/7/1781 Calanda x 27/9/1766 à Calanda avec Teresa Cortes Jean Souquieres né ers 1692 à Leynhac x Jeanne Muratet : est dit présent au Royaume d'Espagne en 1710 dans le testament d'une tante. Jean Souquieres né le 9/11/1795 à Naucelles. 17 avril 1827 marchand boulanger en Espagne Maida - introuvable en Espagne 13/11/1876 Drugeac. Edouard VALARCHER ° 26/10/1843 Maida (Espagne) Boulanger à Mauriac épouse Marguerite BONY. Il existe un C.M. en date du 11/11/1872 Mtr DRAPEAU notaire à Mauriac. En témoin son frère Joachim VALARCHER, Menuisier à Mauriac. Contrat du 27/10/1701 : actes notariés du Marquisat de Creil Bournezeau, aujourd'hui Bournezeau dans le bocage vendéen. Contrat d'entraide de trois marchands de la province d'auvergne, travaillant visiblement avec le royaume d'Espagne. Ces trois marchands sont: Le seigneur Gandillon, Jean Romand et le seigneur Charbonnel. Information : il y a beaucoup de Gandilhon sur Dienne dans le cantal. Il y a un lieu dit nommé "La Gandilhon" dans la commune de Lavigerie (15102). Il existe beaucoup de charbonnel dans la region de bagnols pres de la tour d'auvergne dans le puy de dome mais aussi à champs sur tarentaine dans le cantal.


vers l'Espagne ... depuis Crandelles (Cantal)

Vu sur [http://perso.wanadoo.fr/crandelles/histoire.html]

La petite commune de Crandelles s'enorgueillit d'avoir été le berceau de la célèbre "compagnie de Chinchon". Fondée au XIIIe siècle par des émigrants Crandellois. Lors du courant d'émigration des Auvergnats vers l'Espagne elle fut l'un des plus beaux exemples de l'esprit d'initiative qui les caractérise.

Plus de quatre cents Cantaliens (pour la plupart originaires de Crandelles) faisaient partie de la société de Chinchon au XIIIe siècle. Cette société était régie par quatre chefs dont la parole valait les meilleurs contrats. Pour en faire partie il fallait avoir 16 ans et miser 4 000 francs , ensuite chaque sociétaire percevait une part des bénéfices qui croissait tous les 4 ans. La vie était pénible pour le Cantalien qui battait l'âpre campagne espagnole. Chacun devait garder intactes les traditions du terroir : quiconque se mariait en Espagne, avait une mauvaise conduite ou jouait, était exclu.

La société ne cessa de prospérer jusqu'a la fin du XIIIème siècle. Les différentes guerres qui opposèrent alors la France et l'Espagne entraînèrent la disparition de la puissante compagnie de Chinchon.

Toutefois les cantaliens ont continué d'émigrer vers l'Espagne et d'y prospérer. Quels métiers exerçaient les "Espagnols" (ainsi qu'on les appelait) au XIXème siècle ? Ils vendaient du drap, de la mercerie, des mulets, étaient chineurs, tenaient des buvettes, des boulangeries...

Cette intense activité commerciale avec l'Espagne a eu un retentissement sur Crandelles et sa population :

Élisée Reclus écrivait en 1885 : "les paysans d'Ytrac et de Crandelles sont ceux qui se rendent en plus grand nombre de l'autre côté des Pyrénées ; on dit qu'ils se distinguent des autres habitants de la Haute Auvergne, non seulement par leur costume, presque Catalan, mais aussi par la vivacité de la physionomie, l'éclat du langage et la richesse de l'imagination ; leurs femmes et leurs filles ont aussi quelque chose d'Espagnol dans les traits, le vêtement et la parure..."

Henri Durif ajoutait : " La population de cette contrée émigre en Espagne. Les femmes s'en ressentent, car nulle part en Auvergne elles ne sont plus brunes ni plus originalement parées..."


vers l'Espagne ... depuis l'Aveyron

Pour l'Espagne il y a eu emigration économique du Rouergue vers l'Espagne du Moyen-Age a la fin du XIXeme siécle. Le flux s'est inversé au XXeme siècle (émigration economique de l'Espagne vers la France et le Rouergue en particulier). Mais il y a eu d'autres raisons de depart vers l'Espagne entre 1792 et 1824: - emigration de nombreux pretres et de quelques nobles sous la Revolution - intervention française en Espagne sous le roi Louis XVIII pour retablir le regime absolutiste du roi Ferdinand menacé par les libéraux (1822-23) Jen-Louis Dega L'émigration aveyronnaise en Espagne est très ancienne. Pour une saison, c'était les scieurs de long, les boulangers aussi étaient appréciés. Tous les curés insistent, dans l'enquête de Mgr Cicé, à la fin du 18e siècle, sur la nécessité de l'émigration, pour rapporter l'argent nécessaire à la survie des familles. Le voyage n'était pas de tout repos, on trouve des testaments faits avant le départ, ou en route. Josette Bouges Josette.Bouges@wanadoo.fr Ma grand mère nous racontait l'histoire de jeunes de l'Aubrac, qui partaient l'hiver en Espagne, pour se louer comme scieur de long, et allaient jusqu'au Portugal aussi, jusqu'à Compostelle, et parfois (souvent?) revenaient nantis d'une épouse, ou fiancée (Novia) les parents agés suffisaient l'hiver à la ferme pour soigner les animaux qui ne pouvaient pas sortir, les cheptels étaient la plupart du temps modeste. Mayeux Dominique


vers l'Espagne ... depuis la Corrèze

Vers 1820, 900 Corrèziens séjournaient à Cadix; si certains y ont fait souche, la plupart revenait au pays pour se marier. Deux temoins venaient confirmer lors de la cérémonie que l'intéressé n'avait pas convolé de l'autre côté des Pyrénées. Ils étaient issus de campagnes pauvres et tentaient de faire fortune en Espagne, ce qui fut souvent le cas, avant de revenir au pays, . Il est donc vraisemblable que des Aveyronnais aient suivis la même voie pour les même raisons. F. cayre fcayre2@wanadoo.fr


Projet de voyage du Cantal en Castille « à la rencontre de l'émigration cantalienne » Haut de la page "But : retrouver les lieux témoignant de cette émigration, sur au moins trois siècles, que chacun connait, mais aussi de rencontrer des familles d'origine cantalienne, ayant fait souche en Espagne, à la suite de cette expatriation, et éventuellement renouer des liens généalogiques. Nous recherchons pour cela, toutes personnes et familles d'origine cantalienne, ayant fait souche en Castille, ou qui pourraient nous orienter et nous mettre en contact avec celles-ci. Si vous avez des informations ou des adresses à nous communiquer, voire éventuellement, si ce voyage vous intéresse, nous vous remercions de bien vouloir nous le faire savoir à mon adresse de messagerie."

Marcel Andrieu (Association Aprogemere)


Témoignage de Dominique Rougier : "Au mois de novembre 2003, l'association APROGEMERE a organisé avec l'université inter-âges du Cantal un voyage en Espagne à la rencontre des familles auvergnates ayant fait souche à Barcelone ou à Madrid. Nous avons donc rencontré les descendants des familles Vermenouze, RATIE, CARRIERE, Clamagirand, Nozière, etc... et deux associations de généalogie locales, dont une, Vicus Albus a relevé tous les auvergnats de Vicalvaro, et a permis à l'une des participantes au voyage (qui était venue avec ses notes) de retrouver deux cousines qu'elle croyait décédées (recherches menées en 24 heures) et ces cousines s'appellent .... BEX.!!! et il y en a plusieurs dans l'annuaire télèphonique de Madrid. C'est un patronyme très répandu dans le bassin d'Aurillac, plusieurs fois cité dans le livre de Rose Duroux ."


Pourquoi l'Espagne ?

Extrait d'une synthèse d'études faites sur le sujet par l'Association Aprogemere de Marcel Andrieu.

L'idée répandue que l'émigration était dû au fait que la Châtaigneraie ne nourrisait pas ses hommes et que les cantaliens sont partis voir ailleurs est sans doute fausse. Si ce fut surement vrai pour l'émigration récente à Paris, ce fut très différent pour l'Espagne. Les émigrants en Espagne étaient peu de la Châtaigneraie, mais plutôt de bassins plus favorisés. Les auvergnats entreprenant étaient attentifs à toutes possibilités de gagner de l'argent.

"Crandelles, "berceau de la Compagnie de Chinchon" : selon une opinion généralement accréditée, ce serait le fameux pèlerinage de St Jacques de Compostelle qui attira les cantaliens vers l'Espagne. Une des grandes voies conduisant au sanctuaire, passait en effet par la capitale de la Haute Auvergne. Les pèlerins venus surtout du Puy où ils avaient sollicité la Vierge Noire, arrivaient par le col de Cabre à Aurillac, où les restes vénérés de St Géraud et de sa mère Adeltrude faisaient des prodiges ; puis ils allaient s'incliner à Conques devant les reliques de Ste Foy ; certains cheminaient vers Toulouse où étaient celles de St Sernin, en traversant Maurs et Figeac.

Il est probable que les pèlerins furent suivis par des marchands d'Aurillac, gens audacieux qui ne craignaient pas les voyages à l'étranger. Certains, avant de retourner dans leurs montagnes natales, durent essayer de faire du négoce en Espagne. L'impulsion donnée au commerce par les pèlerinages, fut accrue par les relations politiques existant entre le Carladez et l'Aragon. C'est une hypothèse soutenue par plusieurs auteurs

Pour d'autres, l'émigration vers l'Espagne dérive tout simplement de mouvements migratoires existant vers le Midi, favorisés par la similitude de langue et de mours. Il est d'ailleurs souligné que les relations entre l'Espagne et la Haute Auvergne sont antérieures à la vogue des pèlerinages vers St Jacques de Compostelle.. On peut alors penser que ces mouvements d'émigration et ceux des pèlerinages se seraient favorisé mutuellement.

Cette émigration fut fort active au XVIII siècle et la haute Auvergne s'enrichit alors par le nombre considérable de ses habitants qui en sortaient tous les ans pour accomplir les ouvrages que les espagnols n'avaient pas coutume de faire. Par ses apports financiers, l'âge d'or de l'émigration cantalienne commence. C'est la constitution, pour une longue prospérité , des deux grandes Sociétés commerciales de Chinchon et de Navalcarneros"




Dans "Visages de l'Auvergne" (page 24) de 1949 (par Henri Pourrat, Lucien Gachon, André Bossuat, Henri Charlier et Alexandre Vialatte) : Au sujet de la Châtaigneraie. Elle fait partie des cantons les plus défavorisés (avec le Livradois, Forez, Combraille, Artense), point trop haut, ni trop uniformes, ni trop accidentés non plus. Jusqu'au 19° siècle ces régions ont porté jusqu'à 120 humains au kilomètre carré, soit plus que les plus fertiles plaines du Bassin Parisien ! "Ces humains, comment les nourrir? Ils étaient prolifiques et ils étaient vaillants. Ils ont épuisés les réserves du sol en bonne terre et en humidité. Il ont émigré, ou bien ils se sont ingéniés l'hiver à des ouvrages. Autant que de paysans, le Livradois et la Châtaigneraie étaient, voilà 200 ans (250 ans maintenant), des pays de tisserands à domiciles. Dans ces pays pauvres et purs, il y a donc eu une période de survitalité. Mais quel tristesse de lui voir succéder la inverse de sous-vitalité !"


par Marie Bardet - décembre 2003

Les causes de l'émigration auvergnate ne sont pas totalement inconnues. Ainsi la famille du félibre vermenouze, qui n'était pas une famille de nécessiteux mais de marchands, originaire d'Ytrac envoyait traditionnellement ses fils en espagne, lui meme y est allé également. Quant aux filles, il faut se souvenir que cette émigration n'était pas définitive car ce n'était pas le but cherché (sauf exeption, il y en a ... mais peu par rapport à l'envergure du phénomène) et que les garçons revenaient au pays pour s'y marier et que les hommes mariés qui partaient grace à des réseaux très bien constitués, passaient devant le notaire pour mettre entre les mains de leurs épouses la marche des affaires et de la famille en Auvergne. On a ainsi des procurations dès le XVIè siècle (vers 1600, un marchand de Yolet près d'Aurillac). Ainsi l'émigration était rendue possible aussi parce que les femmes restaient au pays pour veiller aux affaires ! Tout était bien organisé. J'attire aussi l'attention pour signaler que l'Espagne n'était pas la seule destination des Auvergnats, les registres paroissiaux de St Cirgues de Jordanne sont à cet égard révélateurs ! L'émigration de l'Ancien régime n'est en fait effectivement pas une émigration de la misère mais causée par le besoin de numéraire qu'on allait chercher à l'extérieur depuis bien longtemps. Il y a à ce sujet une correspondance interessante des Intendants qui se desespèrent de ces départs et qui ont essayé un moment de les interdire par édit mais ils ont du reculer. J'ai aussi un exemple (un seul!) d'un espagnol qui s'est installé dans le Cantal au XIXè siècle ! Les grands flux migratoires auvergnats pour l'Espagne ne se situent pas en pleine Chataigneraie mais touchent en grande majorité les habitants de la montagne et du bassin aurillacois.


Arsène Vermenouze

Poète du Cantal, il est né à Ytrac, près d’Aurillac, le 26 septembre 1850. Ses parents sont Marie-Anne Mélanie Garric et Firmin Vermenouze, alors marchand en Espagne. " A 16 ans, Arsène Vermenouze part pour l’Espagne et arrive à Illescas où se trouve un des magasins de la société Vermenouze Frères et Compagnie. L’émigration auvergnate en Espagne était importante autrefois. Il y avait des émigrants isolés exerçant des métiers divers et pénibles, boulangers, cordonniers, étameurs, marchands ambulants. D’autres émigrants, issus de familles aisées, allaient en Espagne en groupe et travaillaient en commun dans des sociétés organisées et régies par des statuts. Ainsi, dans la plus puissante, la compagnie de Chinchon qui déjà comptait des Vermenouze, société d’hommes, il était interdit de se lier et de se marier avec des Espagnoles. Les épouses et les enfants restaient en Auvergne où l’on retournait quelques mois après une campagne de deux ans."

Il y a eu sur Vermenouze une thèse d'Etat (2 tomes) qui est aux Archives départementales du Cantal.


De Jérome Rivalain

Un cantalou épouse une espagnole? Jean Rigaldies, né en 1744, fils de Antoine et Marguerite Peyrou, avait épousé en premières noces Maria Rodriguès, dont il était veuf en 1788 lors de son remariage avec Marguerite Places à La Ségalassière. Source : AD d'Aurillac, état civil.


Quelques remarques de Marcel Andrieu

Les voyages en Espagne n'étaient pas sans dangers non plus, et beaucoup d'émigrés s'intègraient aux pèlerins de St Jacques, par sécurité. D'autres partaient avec un pécule sur lequel ils étaient assis pour ne pas se le faire prendre ! Je veux dire qu'ils l'investissaient dans l'achat d'une monture servant au voyage, qu'ils revendaient ensuite un bon prix aux espagnols.

Les plus belles maisons auvergnates du bassin d'Aurilac ont été construites avec l' argent des "espagnols"

Ces départs donnaient aux épouses restées au pays, un statut et un pouvoir social important, il suffit de voir les testaments laissés par les époux à chaque départ.



Pourquoi l'Espagne par Marie Bardet

L'émigration auvergnate à l'extérieur de la province était quasiment une phénomène officielle et reconnue avec lequel il fallait compter mais d'autres provinces en connaissaient aussi, donc ce n'est pas un phénomène seulement auvergnat, loin s'en faut.

Ainsi, au XVIIème siècle, dans les années 1650, un notaire de Raulhac en Carladès, Pierre Froquière, s'occupait officiellement de la traduction des actes en espagnol et était sollicité devant les tribunaux le cas échéant (Abbé POULHES, l'Ancien Raulhac, 1903).

A Aurillac, le marchand Jacques Delduc s'était spécialisé dans la traduction des contrats passés en langue espagnole dans les années 1665 (ADC E 353).

Il faut savoir que la Haute-Auvergne n'assurait pas sa substistance et que chaque année, elle devait acheter du blé en dehors notamment au moment des fameuses soudures. Donc il fallait de l'argent pour acheter le blé et payer les impots !

Voici ce qu'écrivait M. d'Albeiges, qui était intendant d'Auvergne, au controleur général des finances,en 1692 : "La plupart des Auvergnats qui vont en espagne sont mariés. Ils ont femmes et enfants. Quand les garçons sont assez grands pour travailler, le père les mène avec luy. Tous ces gens-là ont l'esprit de retour. Ils rapportent des pièces de 4 pistoles. C'est par cette voye qu'il en entre en Auvergne et cela sert à payer la taille. Ce qui est à craindre, est qu'en sortant d'Espagne, on ne leur oste l'argent qu'ils avaient en revenant, car il ne faut pas craindre que ces gens là quittent leur pays tout à fait...".

Mais l'intendant était contre cette émigration qui privait la province de ces élements les plus vigoureux ce qui faisait par contre coup monter le prix de la main d'oeuvre (on a rien inventé de nos jours...). Alors il avait envisagé de prendre des mesures contre l'émigration habitielle mais des ordres contraires venant de Paris lui furent donné par la suite et il dut abandonner son projet.

Dans "Mémoire sur l'Etat de la généralité de Riom, en 1697 dressé pour l'insctruction du Duc de Bourgogne par l'intendant Lefevre d'ormesson" de Abel POITRINEAU (voir bibliographie) , l'intendant dit "Le surplus de l'industrie des habitans concistent au grand nombre des habitans qui en sort pour aller travailler en espagne...de l'Auvergne seul ou plutost des montagnes d'Auvergne du costé d'Aurillac, Mauriac Saint-Flour, ils allaient tous les ans en espagne 5 à 6000 travailleurs qui rapportent dans le pays par estimation sept à huict cent mil livres...". On comprend l'importance que prenait alors ces départs au loin.

A.Poitrineau estime qu' 1/5ème de la population était concerné par les flux migratoires. C'est à peine simplifier que préthende que les migrants potentiels ne constituaient qu'un cinquième, en gros, de la population totale mais le cinquième le plus efficace dans le champs de la production, formé des hommes dans la force de l'age, la partie la plus agissante du stock démographique.

Ce phénomènes saisonniers d'émigration se retrouve dans la plupart des documents concernant la haute Auvergne (actes notariés et registres paroissiaux).

Avant de partir, les hommes mariés passaient procuration en faveur de leur femmes ce qui donnait à ces dernières par contre coup une importance considérable qu'elles n'avaient pas lorsque le mari était au pays.

Cette émigration n'a été qu'en partie possible que parce que les femmes restaient au pays pour y gérer les biens des absents.

Le 25 octobre 1601, Nicolas laboria est chaudronnier, à Aurillac. Il va partir en espagne et passe procuration à sa femme chez le notaire Navarre, de Yolet : "de gré par libre volonté...pour aller au Royaume d'espaigne ou il a coustume de fréquenter...a faict et a institué...procuration générale...à Giliberte Carrier, sa femme pour gerer, négocier et administrer ...pendant et durant son absence...les negoces et affaire d'icelluy..." (ADC E 75/51).

Les futurs migrants faisaient aussi leur testament : 29 avril 1620 : testament de François carrier, du lieu d'Yolet. François carrier est célibataire. "Lequel...prethendant se absenter...pour quelques tems de la province d'Auvergne pour s'en aller au roiaume d'espaigne afin de gaignier sa vie...et craignant...le voiage...a fait son testament". Il lègue en tout plus de 300 livres à son père et ses frères et soeurs. C'est beaucoup, c'est environ ce qu'il fallait avoir au XVIIè siècle pour vivre pendant une année.

Jean bancarel, du village de Boudieu, de Yolet, fait de meme. Testament du 14 avril 1641 : "...prethendans s'absenter quelques tems du pays et Royaume de France et aller au roiaume d'Espanhe pour gaigner sa vie et craignant deceder pendant un voiage..." Il laisse à ses frères et soeurs une centaine de livres.

Jean Courbebaissse, teste en 1645 et sa succession s'élève à 450 livres.

On voit d'ailleurs un certain enrichissement d'"un voyage à l'autre : François carrier : 1er voyage en espagne en 1616 : testament d"une valeur de 40 livres environ. 2ème voyage en 1620 : la valeur est de plus de 300 livres...Il y a d'autres exemples significatifs.

On trouve également trace de l'émigration dans les registres paroissiaux : A Cros de montamat (aujourd'hui Cros de ronesque) : 7 avril 1664 : Louis Lafon décéde en revenant d'espagne "surpris d'un torrant neige...". Dans la même paroisse : Le parrain de catherine Terry est Gabriel Lardou qui doit cependant se faire représenter car : "qui est a presant au royaume d'espaigne". idem en 1659 pour Pierre Terrisse.

Mais on pouvait aussi mourir en Espagne...

Dans la meme paroisse de Cros de montamat : le 13 octobre 1750, mariage de Raymond froquières d'escoubiac et de gabrielle rentière. Cette dernière est veuve de Jean Antoine Combier, décédé : "A Syville en Espagne, le lundi 28 juillet 1749, et fut enterré au sanctuaire de l'église paroissiale de Syville comme il m'a été certifié par Lorens de Andrare, notaire public..." notaire de Séville.

A Labrousse, toujours en Carladès : Décès le 31 octobre 1761 de Baptiste Courbebaisse, 30 ans, "le dit baptiste Courbebaisse marié quand il vivoit à Madrid, ville d'Espagne"...enseveli le lendemain."

Du role des femmes ...

"Les femmes retrouvaient une autonomie certaine lors que les maris étaient morts ou hors de la province. Ainsi au XVIIème siècle, avec la précarité de la vie, les hommes qui avaient quelques biens dans leur testaments, faisaient élection d'héritier avec un fideicommis. C'est à dire qu'il nommait leur femme héritière de leurs biens avec mission de remettre ensuite lesdits biens entre les mains d'un de leurs enfants une fois ce dernier majeur ou sur le point de ce marier. C'est à dire que la femme devenait chef de famille, pouvait passer des actes devant notaire pour vendre, acheter emprunter etc ... (ttes choses qu'elle ne pouvait faire qd son mari était présent ou alors pour ses biens propres toujours avec sa permission). Puis une fois le fils majeur ou la fille majeurs ou pour leur mariage, elle leur retrocédait les biens du mari avec en prime les siens. cette habitude très repérable dans les testaments du XVIè , XVIIé et début XVIIIè a été ensuite à la fin du XVIIIè interdit par un édit parce qu'elle était de nature à perturber la suite logique des héritages puisque pour 2 générations, l'héritage avait déjà un destinataire en bout de chaine. Or les testaments en haute auvergne de droit écrit, c'étaient justement fait pour élire en toute liberté un héritier universel à partir du moment où les enfants avaient leur part appelé "légitime" qu'on ne pouvait pas leur enlever. Pour le départ des migrants, c'est un peu la même chose. Dans l'exemple que je donne, l'exemple laborie, on trouve ensuite des actes pris par sa femme. Je ne dis pas que tt le monde faisait comme ça, non, parce qu'il fallait au moins que la femme soit assez intelligente pour gérer les biens au pays et ça, le mari en partance savait bien si sa femme était capable ou non, et puis il fallait aussi prendre en compte certaines dispositions particulières qui pouvaient pousser le mari a ne pas compter sur sa femme (héritage, importance prise par un frère, omniprésence du père qui n'avait pas encore fait son testament et avec lequel il fallait compter etc...etc..)., mais je dis que cette possibilité assez étonnante lui était offerte dans une société qui la mettait en tutelle dès qu'elle se mariait."


Pour quelle raison l'Espagne accueillait-elle autant d'immigrés ?

Ci-dessous copie d'une page d'un site d'une élève de l'ENS, Emilia ROBIN Elle avait un site qu'elle a supprimé et dont j'ai trouvé trace ici http://web.archive.org/web/20061212062827/www.eleves.ens.fr/home/robin/histoire/index.html

Ce cours m'a semblé intéressant pour comprendre peut-être une des raisons à l'émigration des cantalous ves l'Espagne.

"Fierté espagnole et hantise de la décadence

Le règne de Philippe II commence par la banqueroute de 1557; l'État monarchique est incapable de rembourser ses dettes. La victoire de Saint-Quentin n'a pu être exploitée, faute de moyens pour financer l'énorme armée des Habsbourgs. en 1558, Luis Ortega écrit un mémorial sur les difficultés financières de la monarchie ( Memorial para que no salga dinero del Reino) : c'est le premier ouvrage arbitriste.

L'insurrection des Morisques du royaume de Grenade, le désastre de l'Invincible Armada (1588), la banqueroute de 1596, la création de l'impôt des «millions» en 1599, les épidémies de peste qui ravagent la péninsule et précipitent le déclin de la Vieille Castille sont les premiers signes de l'ébranlement de l'hégémonie espagnole. Ces vicissitudes s'accompagnent d'une vague massive de publications arbitristes.

La littérature arbitriste correspond aussi aux années 1620, au début du règne de Philippe IV, avec la fin de la Trêve de Douze Ans avec les Pays-Bas : le choix entre la paix et la guerre contraint surtout à réfléchir sur la force réelle de l'Espagne, au regard de ses engagements européens. La réflexion sur la décadence occupe en effet d'emblée un double versant, philosophique (réflexion éthique fonciérement pessimiste) et économique (arbitrisme).

L'arbitrisme est une pensée politique pratique, qui veut d'abord proposer des solutions. C'est aussi une pensée politique engagée, l'expression d'un profond mouvement civique. C'est enfin un sursaut patriotique, castillan et espagnol : les arbitristes sont des Castillans qui refusent la fatalité du destin; mais au delà de la Castille, c'est l'Espagne, la famille des peuples réunis par les Rois Catholiques, qu'ils veulent préserver du déclin et maintenir debout.

Un arbitriste est un auteur politique proposant au pouvoir des projets de réforme ( arbitrios), essentiellement économiques et sociales. On fait en général débuter le phénomène avec le Mémorial adressé à Philippe II par Luis Ortiz. L'âge d'or des arbitristes correspond aux règnes de Philippe III et Philippe IV (1598-1665), durant lesquels on publia au moins 165 traités de réforme. Les auteurs les plus intéressants furent Martín González de Cellonigo, Pedro de Valencia, Sancho de Moncada...

A) La production des richesses

1) Le problème fiscal

Le point de départ de cette réflexion est le désastre financier, malgré l'arrivée de métaux précieux en Espagne. La détresse financière de la monarchie apparaît la conséquence d'une organisation déficiente de la fiscalité : une répartition inégale, qui fait supporter toute la charge par la Castille et ménage les royaumes aragonais. De même, à l'intérieur de chaque État, l'impôt frappe inégalement les catégories socio-professionnelles, les régions et localités, les sujets de même condition et du même lieu.

un circuit trop long d'intermédiaires parasites entre le Trésor royal et le contribuable, avec les exactions frauduleuses des magistrats municipaux, des fermiers de la Real Hacienda.

l'élévation de la charge fiscale atteint le point de rupture du rendement décroissant; toute charge supplémentaire réduit la capacité contributive de sujets découragés et démotivés, qui renoncent à entreprendre, réduisent leur activité productive à la stricte subsistance. Des remèdes sont aussi proposés : réduire les coûts de fonctionnement de l'organisation fiscale. Le plus sûr moyen paraît être la substitution de l'affermage par une régie directe la plus proche possible des contribuables.

rechercher l'égalité civique devant l'impôt, sans ménagement pour les privilèges territoriaux, corporatifs ou personnels (participation des royaumes de la couronne d'Aragon, restriction des effectifs du clergé, lutte contre l'évasion fiscale parée des apparences de la vocation religieuse).

réduire le nombre des impôts, facteur important du coût de l'administration fiscale; s'orienter vers une contribution unique, levée sur les patrimoines productifs (comme une dîme royale sur les récoltes) et sur les revenus (capitation tarifée par catégorie socio-professionnelle).

réviser régulièrement la répartition du fardeau fiscal, suivant la situation démographique et économique des pays et localités. Il faut donc maintenir la pratique des recensements périodiques, mener des enquêtes sur le dépeuplement, ses causes, les possibilités de repeuplement des zones rurales abandonnées. Cette information statistique régulière permettra de moduler des dégrèvements fiscaux en faveur des villes ou des campagnes éprouvées; la suspension temporaire des levées de troupes, du logement des gens de guerre, compléterait ces dispositions. La conviction fondamentale qui anime l'arbitrisme fiscal, de Luis de Ortiz à Francisco Martínez de la Mata, est que seule l'économie prospère d'un peuple industrieux peut assurer l'aisance des finances royales. La pensée économique est souvent qualifiée d'anti-capitaliste. Il est vrai qu'elle dénie toute utilité sociale aux activités spéculatives fondées sur le maniement de l'argent. Placer dans le travail l'origine de la richesse conduit à déprécier les services financiers. De ce point de vue, les arbitristes acceptent volontiers le capitalisme des entrepreneurs, industriels ou agriculteurs; ils refusent le capitalisme des banquiers et des rentiers. C'est pourquoi ils condamnent le crédit public des juros émis par l'État, comme le crédit privé des censos, prêts hypothécaires consentis aux artisans et aux agriculteurs. Ce point de vue s'explique par la situation qui existe alors :

les finances royales drainent la majeure partie de l'épargne disponible; la ponction du crédit public prive les entreprises productives des capitaux nécessaires.

l'investissement foncier est entravé par la mainmorte, sous les trois modalités juridiques qu'elle revêt (propriété ecclésiastique, majorat des particuliers laïcs, biens communaux et municipaux). La mobilité socio-économique se heurte à l'étroitesse du marché foncier. Ne pouvant se déployer par transfert de la propriété des terres, elle s'effectue par captation de la rente foncière. Les fermiers des dîmes ou des seigneuries, les marchands de grains, les rentiers des censos étouffent dans l'oeuf la solide classe d'entrepreneurs agricoles dont l'Espagne a besoin.

2) La question monétaire

Il n'est pas question pour autant de négliger la question monétaire. L'émission de la monnaie de billon est réprouvée, non parce qu'elle est une monnaie faible, mais parce que sa parité légale, supérieure à sa parité réelle, en fait une monnaie falsifiée. Conserver les métaux précieux revient à maintenir le handicap de prix et de salaires élevés dont souffre l'industrie espagnole vis-à-vis de ses partenaires européens. Conscients de cette conséquence, les arbitristes n'envisagent pas d'autre issue que le protectionnisme à outrance. Celui-ci dicte les options communes aux programmes mercantilistes qui s'élaborent dans tous les États européens à la charnière des XVIe et XVIIe siècles : entraver les exportations de matières premières, telle la laine, encourager leur élaboration par l'industrie nationale, afin de conserver la valeur ajoutée par la manufacture et les emplois industriels.

réduire ou prohiber l'importation d'articles manufacturés étrangers, et encourager leur production par l'industrie nationale. Cette préoccupation s'applique particulièrement aux productions luxueuses acquises par les classes dirigeantes. La situation particulière de l'Espagne invite à demander l'éviction des négociants et banquiers étrangers, en particulier des Génois, et à souhaiter le développement d'un puissant secteur bancaire espagnol.

3) L'agriculture

Les maux de l'agriculture espagnole sont pour une part les conséquences normales, et somme toute peu inquiétantes à long terme, des épreuves démographiques du temps : pestes, expulsion des Morisques, moindre dynamisme démographique d'une Vieille Castille parvenue à l'apogée des densités humaines autorisées par les conditions naturelles et les capacités des forces productives. Une telle situation entraîne l'abandon de la culture permanente des terres les plus ingrates, ou les plus écartées de l'habitat; elle peut entraîner une extensification partielle de la mise en valeur des terroirs : substitution de l'élevage à la culture, du défrichement intermittent à l'assolement régulier, par exemple. On ne peut enrayer le déclin de l'agriculture par de simples améliorations agronomiques, mais l' amélioration de sa productivité est une condition de sa restauration (utilisation de chevaux à la place des chevaux comme bêtes de trait, en particulier pour les labours); la relève des paysans morisques expulsés doit prendre le plus grand soin des réseaux d'irrigation, qu'il faut non seulement conserver mais aussi étendre; on se préoccupe aussi d'intensification des cultures par l'extension des vergers au détriment de la vigne, et aussi du reboisement.

Par la diversification des ressources, l'agriculture mixte atténue les conséquences des vicissitudes conjoncturelles qui accablent la paysannerie. La précarité décourageante de sa condition peut être sensiblement réduite par quelques dispositions législatives (inssaisissabilité des instruments de travail, etc). Ces revendications donnent à la continuité de l'entreprise agricole la primauté sur les intérêts particuliers des créanciers. Le même point de vue inspire les considérations sur la propriété foncière et l'acdès à la terre des paysans.

Le devoir imparti aux possédants de mettre en valeur leur patrimoine productif, la capacité du souverain à règlementer les régimes fonciers en vue d'assurer la prospérité agricole du royaume sont des exigences communément reçues par les penseurs politiques du XVIIe siècle. L'État monarchique peut contraindre les propriétaires fonciers à faire cultiver leurs terres; les municipalités seraient en droit de prendre en charge les terres négligées par leurs maîtres et d'organiser leur mise en valeur au profit de la communauté et des habitants.

Il importe de renoncer pour l'avenir à toute aliénation du patrimoine régalien, et à long terme il est très souhaitable de réincorporer à la Couronne la majeure partie possible des terres aliénées.

La question agraire ne se limite pas à l'agronomie et au régime foncier. Le travail de la terre doit être rémunérateur; il doit assurer à l'exploitant un produit net qui lui permette de vivre. Sur le plan économique, cet objectif se relie à la question des prix. La réduction des coûts de transport leur paraît un moyen plus sûr d'abaisser les prix des céréales que la taxation autoritaire par la fameuse tasa real. Afin d'inciter le paysan à ne pas augmenter les prix, il faut le libérer de la tasa real, qui doit frapper les bénéficiaires de la rente du sol (propriétaires, seigneurs, clergé), les intermédiaires parasites qui allongent les circuits de commercialisation (marchands, fermiers des dîmes, spéculateurs) mais épargner l'exploitation.

La sollicitude envers l'agriculture ne fait pas négliger l'industrie; elle conduit rarement à l'agrarisme anti-urbain.

B) Culture et société

1) Les préoccupations démographiques

Le mot d'ordre est «repeuplement». il dicte un programme : restreindre l'émigration, même à destination de l'Amérique, afin de conserver le potentiel démographique de la péninsule ibérique.

favoriser l'immigration en Espagne de populations catholiques et laborieuses : les agriculteurs et les artisans sont les bienvenus, mais pas les financiers étrangers, qu'il faudrait plutôt expulser.

combattre le célibat des laïcs par la réduction autoritaire des dots de mariage et par la limitation des majorats. Il faut aussi favoriser le mariage et l'établissement des orphelines. Le célibat ecclésiastique n'est pas contestable, mais une règlementation sévère de l'accès aux ordres, des voeux d'entrée en religion, doit le rendre compatible avec le dynamisme démographique. Le manque de bras est en effet une des causes de la langueur de l'agriculture et des manufactures, car il entraîne un enchérissement de la main-d'oeuvre, qui place l'industrie nationale dans une position difficile face à la concurrence étrangère. Plus profondément, l'Espagne souffre d'une mentalité nobiliaire qui dévalorise à l'excès le travail. La condamnation de l'oisiveté, qu'il convient d'extirper par les moyens les plus rigoureux, s'applique au loisir des hommes de condition supérieure autant qu'à la plèbe désoeuvrée des villes et des campagnes. Le statut aristocratique de l' otium ne trouve plus grâce aux yeux des arbitristes : il se confond avec le parasitisme et la paresse.

2) Réhabiliter le travail

L'idée centrale est que le travail est la source de toute richesse. Avec la hantise du dépeuplement va l'idée que la vraie richesse ce sont les hommes. Il s'agit de rendre honorable la condition de travailleur, anoblir par le travail. L'accès aux charges et offices de la monarchie doit être largement ouvert aux marchands, aux maîtres des métiers, aux banquiers même, pourvu qu'ils soient nationaux. Les fonctions d' alcalde et de regidor, les magistratures municipales, devraient revenir de préférence à des propriétaires qui résident sur leurs terres et en dirigent l'exploitation. De façon générale, la paysannerie devrait avoir comme les métiers urbains une participation statutaire au gouvernement municipal. Souhaitant faire de l'élite paysanne une noblesse de cloche, à l'exemple des familles patriciennes urbaines, plusieurs arbitristes proposent de concéder le droit d'armoiries aux familles de laboureurs après quelques générations.

Il s'agit de mettre le sentiment de l'honneur, actuellement perverti et stérilisant, au service d'une émulation industrieuse et civique, qui concoure à la puissance économique de la Nation, comme à la puissance politique de l'État. Ce programme implique une restauration de la noblesse sur les principes de l'utilité sociale et du service de l'État.

3) Le rôle de la noblesse

La noblesse ne doit pas seulement servir le roi; elle doit encore elle doit encore remplir sa mission de guide du peuple sur la voie du progrès technique, d'une bonne gestion, d'une mise en valeur fructueuse des ressources du pays. C'est pourquoi en délaissant la cour et la ville, elle doit résider sur ses terres, diriger l'activité de ses fermiers et métayers, participer à la vie publique locale, donner au peuple l'exemple de l'industrie et du civisme. L'obsession de la pureté de sang accentue la stérilisation des valeurs nobiliaires, détournées du service de la communauté par l'oisiveté rentière. De plus, la réunion des preuves de pureté de sang est coûteuse, les témoignages favorables qu'elles requièrent ne sont assurés qu'aux familles d'un rang inattaquable. Contrairement à l'objectif initial qui était de fournir une voie d'accès aux emplois éminents pour des jeunes gens d'origine modeste mais d'un grand mérite, les ordres militaires et les meilleurs collèges sont réservés en fait aux nobles. L'Inquisition elle-même expulse les artisans et les marchands des rangs de ses familiers.

La plupart des traités contemporains déplorent la perversion de l'idéal vieux-chrétien qui écarte du commandement des armées du roi et des hautes charges civiles de la monarchie des serviteurs dévoués et compétents, trop pauvres pour payer la procédure de réunion de leurs «preuves», ou trop sûrs de ne pas les obtenir. Nul n'exige l'abolition des statuts de pureté de sang, mais il semble que l'attestation de l'ascendance «vieille-chrétienne», une fois établie, devrait avoir valeur probatoire pour les descendants du lignage; et que la noblesse, l'exercice de professions honorables, le service de l'État devraient en dispenser après quelques générations.

Les armes sont à priori le terrain où se manifestent les vertus nobiliaires : les arbitristes sont d'autant plus choqués par la désaffection de la noblesse envers la carrière militaire. L'association des vertus chrétiennes et nobiliaires au service de la vraie religion, que la monarchie hispanique assure dans l'Europe contemporaine, exige une restauration de la vocation combattante des ordres religieux et militaires.

On dit souvent que l'idéal socio-culturel des arbitristes exprime dans l'Espagne du Siècle d'Or la frustration d'une bourgeoisie avortée. La primauté donnée à la production des biens et au travail plaide en faveur de cette thèse. Cependant cette mystique du travail ne conteste pas l'hégémonie sociale de la noblesse; elle prétend seulement la réformer, sur le principe de la noblesse du travail. Il est par ailleurs remarquable que cette frustration bourgeoise se place dans les perspectives traditionnalistes d'une économie agraire et d'une société rurale. La primauté généralement reconnue à l'agriculture dans la vie économique de l'État fait des arbitristes les précurseurs directs des physiocrates français du XVIIIe siècle.

C) Les arbitristes et l'État

1) La réforme du pouvoir

Un programme aussi ambitieux exige un État capable de conduire la politique économique, sociale et culturelle qu'il met en oeuvre; il implique la réforme de l'État. Le souverain doit donner l'exemple en réduisant les dépenses de la maison du roi : le Conseil de Castille constate en 1619 qu'elles ont doublé sous le règne de Philippe III. De même, la législation et les procédures doivent être simplifiées. Il ne s'agit pas de diminuer l'État, mais au contraire de le restaurer, de faire cesser le parasitisme, le pillage dont il est la victime. Le processus de vente des offices, même inférieurs et ne comportant pas juridiction, doit être enrayé car il entraîne la privatisation à terme de l'autorité publique (hérédité des offices). La sûreté de l'État requiert la réincorporation à la Couronne des patrimoines, des recettes fiscales, des juridictions et droits régaliens aliénés, le plus souvent au bénéfice de l'aristocratie.

Un État assaini et vigoureux pourra promouvoir le développement économique qui fondera sa puissance et affermir les institutions d'une société qui s'est ressaisie.

2) La dimension internationale de l'Espagne

La question est aussi de savoir si les aspirations des arbitristes étaient compatibles avec l'idéal officiel de l'État hispanique. C'est le jésuite Ribadeneyra qui en a sans doute donné l'expression la plus achevée. Refusant la désacralisation de la politique, il veut nier la raison d'État des machiavélistes; il souligne le magistère moral supérieur de la religion sur les finalités politiques. Le dessein providentiel de Dieu pour l'humanité conduit un destin temporel dont ne peuvent rendre compte la seule raison, le droit des gens et les lois positives. Une telle conception ne laisse pas de place au pluralisme religieux : elle place au contraire dans l'unité religieuse des citoyens le fondement de la puissance de l'État : un roi, une foi, une loi. Les implications de cette doctrine sur les rapports internationaux ont été dégagés par un autre jésuite, Francisco Suárez. Si le pape et l'empereur sont chacun dans leur sphère, spirituelle ou temporelle, souverains de la chrétienté universelle, le premier exerce, en raison de la primauté des fins spirituelles, une autorité indirecte, normative et non prescriptive sur le gouvernement temporel des peuples chrétiens; le second dispose aussi d'une autorité indirecte, mais limitée au gouvernement temporel des États de la chrétienté, en vue de la défense de la religion. La défense de la foi a été le rôle du Saint-Empire, mais les circonstances historiques ont fait de l'Espagne le bras temporel de la chrétienté romaine.

La suffisance aveugle et l'arrogance blessante, qui aux yeux des puissances rivales caractérisent l'Espagne du XVIIe siècle, se fondent sur la conviction d'être le peuple élu de la Nouvelle Alliance. Il existe en Castille un puissant courant pacifiste, qui s'exprime avec vigueur aux Cortès tout au long du règne de Philippe II. Nombre d'arbitristes partagent ces aspirations. Qu'ils soient ou non réformateurs, les pacifistes constatent que la division de la chrétienté est irréversible. La monarchie espagnole doit préserver l'unité catholique de ses États; elle n'a pas la charge de la restaurer chez ses voisins.

Si beaucoup de penseurs estiment que la mission impériale de l'Espagne, au service de la catholicité romaine, est incompatible avec son redressement intérieur, aucun sans doute ne juge la réforme nécessaire inconciliable avec les finalités religieuses de l'État. Il paraît aujourd'hui que les finalités défendues par les arbitristes impliqueraient à terme la désacralisation de la politique.

3) L'échec des arbitristes

Entre 1620 et 1625, les arbitristes castillans ont pu croire leur heure venue. Sur le fond, Olivares est convaincu de la justesse de leurs vues. Le programme des mesures que Philippe IV soumet à la Grande Junte de réforme de 1623 autorise tous les espoirs. Mais si chacun applaudit à la réduction du nombre des officiers de l'État, personne n'est disposé à affaiblir sa clientèle locale par une réduction des emplois municipaux; tout le monde souhaite des caisses de dépôt et des monts-de-piété, à condition qu'ils soient financés par la Couronne et qu'ils ne lèsent pas les rentiers des censos. Enfin ni les lettrés des conseils, issus des grands collèges, ne souhaitent la promotion massive de jeunes gens méritants de plus humble extraction, ni l'aristocratie ne souhaite une restauration des biens communaux en faveur des paysans sans terre. Un dernier motif de malentendu mérite d'être signalé :le réveil national que les arbitristes entendent susciter implique une mobilisation civique, susceptible de rendre aux Cortès de Castille un rôle politique; le roi et Olivares entendent cantonner les auteurs de mémoires et les procureurs des Cortès dans le rôle subalterne de relais de l'État auprès de simples sujets.

Dans les annnées 1620 cependant (tout comme en France), il faut choisir entre une politique extérieure de prestige, et la réforme intérieure. Richelieu et Olivarès choisissent l'engagement à l'extérieur. L'arbitrisme prend peu à peu une connotation péjorative : dans les années 1630, le message n'est pas passé. Certains auteurs exagèrent ( cf. Cervantes, Nouvelles exemplaires, «Le colloque des chiens», ou encore Quevedo, La Hora de todos, où le Danemark est le pays des arbitristes).

Cependant, l'arbitrisme représente aussi la naissance de l'économie politique, qui ressurgit sous Charles II (1665-1700) et les Bourbons. "


Autres ressource :

La Compagnie de Chinchon [http://www.aprogemere.fr/]
Les chaudronniers cantaliens ou les GARCELON en Aragon [http://garcelon.free.fr/chaudronnier.html]